INTERVIEW
MARZIYEH AMIRIZADEH

Marziyeh Amirizadeh est conférencière, défendeur de la liberté religieuse et candidate à la Chambre des représentants de l’État de Géorgie, district 67.

Elle est devenue célèbre après la parution de son livre « Captive en Iran » où elle y partage son histoire de vie, racontant comment elle et son ami Maryam ont été arrêtées et emprisonnées pour avoir fait la promotion du christianisme. Elles passeront 9 mois dans l’enfer de la prison iranienne d’Evin. Loin de se laisser décourager, elles y voient l’occasion de transmettre la lumière du Christ aux autres détenues et de cultiver leur sentiment de liberté intérieure.

Marziyeh est un bel exemple de femme héroïque avec une mentalité exceptionnelle. Elle explique à La Vie en Rose l’importance de cultiver et de protéger sa liberté, que l’on vive dans une dictature ou dans une démocratie.

Journaliste : Bonjour Marziyeh !

Marziyeh : Bonjour La Vie en Rose !

Journaliste : Votre histoire est basée sur la foi et la liberté, expliquez-nous ce qui vous est arrivé ?

Marziyeh : Nous (moi et ma co-autrice) sommes nées dans des familles musulmanes en Iran. Nous sommes devenues chrétiennes en tant que jeunes adultes et nous nous sommes rencontrées alors que nous étudions la théologie et les cours de leadership en Turquie en 2005. Nous sommes ensuite retournées en Iran et avons commencé à partager notre foi. En près de trois ans, nous avons distribué environ 20 000 Nouveaux Testaments à Téhéran et dans quelques autres villes, nous évangélisions les Iraniens dans les rues et avions deux églises domestiques pour les femmes et les jeunes. En 2009, nous avons été arrêtées pour avoir promu le christianisme en Iran. Les accusations officielles portées contre nous étaient l’apostasie, le blasphème et la promotion du christianisme en Iran, pour lesquelles nous avons été condamnées à la pendaison. Nous avons passé 259 jours à la prison d’Evin. Suite à la pression internationale et après des mois d’interrogatoire et de torture mentale, nous avons été libérées en novembre 2009 et ensuite acquittées de toutes les charges. Nous avons déménagé aux États-Unis en 2011.

Journaliste : Comment décririez-vous la liberté ?

Marziyeh : La liberté est avant tout un sentiment intérieur. On peut vivre dans un pays libre sans ressentir la véritable liberté dans sa vie et avoir ses propres prisons et entraves personnelles. À la prison d’Evin, les autorités gouvernementales n’ont réussi à nous capturer que physiquement, mais nos âmes étaient libres grâce à la présence de Dieu avec nous. Il y a des moments où nous nous sentons moins libres en vivant dans un pays libre comme les États-Unis, qu’à l’époque où nous étions à la prison d’Evin.

Nous n’expérimentons la véritable liberté que lorsque nous vivons avec Dieu. Dans Jean 8:32, Jésus dit : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira ». Croire en Jésus nous affranchira, peu importe où nous vivons ou quelles sont les circonstances de notre vie.

J’ai eu une conversation avec une prisonnière condamnée à la réclusion à perpétuité. Elle m’a dit : « Vous êtes deux personnes folles et vous ne comprenez pas le sens de la liberté ; pourquoi gaspillez-vous votre vie ici ? Vous pourriez facilement renier votre foi et être libres. J’ai été en prison pendant 15 ans et je connais la valeur de la liberté. » J’ai répondu : « Nous sommes vraiment libres même si nous sommes en prison parce que nous vivons avec Dieu ; nos corps physiques sont en prison, mais nos âmes sont libres en Dieu. Quand vous vivez avec Dieu, vous êtes libre même si vous êtes en prison. »

Journaliste : Au début du livre, on a l’impression que vous ne pensiez pas que le régime pouvait vous jeter en prison pour votre foi ?

Marziyeh : Puisque Dieu m’avait dit dans mes rêves, des années avant d’aller en prison, qu’un jour je passerais par une expérience de prison, je savais que j’allais être jetée en prison à cause de ma foi en Jésus.

De plus, quelques mois avant d’aller en prison, le Saint-Esprit a mis cela dans nos cœurs, que quelque chose allait changer dans notre ministère, et nous avons senti que nous pourrions être arrêtées.

Pendant les premiers mois, nous priions pour notre libération à cause des conditions horribles du centre de détention, mais après avoir vu comment Dieu travaillait à travers nous et nous utilisait comme des instruments pour transmettre son message aux femmes du centre de détention, puis d’Evin, nous avons réalisé qu’Il avait un but en nous envoyant dans cet endroit sombre. Dieu nous a laissées être dans cette horrible prison pour apporter une véritable liberté et le salut dans la vie de nombreuses femmes.

Journaliste : Pourquoi est-il important de préserver les libertés individuelles ?

Marziyeh : La liberté individuelle est un don de Dieu accordé à chacun. Chaque personne doit être libre de choisir son chemin dans la vie. Pour moi, être en prison ne concernait pas seulement la lutte pour ma foi, mais aussi la lutte pour ma liberté et mes droits individuels, ainsi que la lutte pour de nombreuses autres femmes dont la liberté a été enlevée par une dictature islamique radicale. Sous les règles islamiques et la charia, les femmes n’ont pas les mêmes droits que les hommes. Dès leur enfance, tous leurs droits et leur liberté leur sont enlevés. Depuis mon enfance, j’ai toujours lutté pour ma liberté et mes droits individuels.

La liberté n’est pas gratuite, et si nous ne nous battons pas pour elle et ne la protégeons pas, nous la perdrons. Chacun dans une société a la responsabilité de défendre sa liberté, ses droits et ses valeurs. Sinon, nous les perdrons facilement.

Journaliste : Que dites-vous aux personnes qui ne se sentent pas concernées par le manque de liberté des autres ? Pourquoi devrions-nous tous nous sentir concernés ?

Marziyeh : Malheureusement, certaines personnes qui ont vécu dans la liberté ne l’apprécient pas et ne se sentent pas responsables de défendre leur foi, leur liberté et leurs valeurs, et de les protéger. Certains chrétiens semblent également passifs et pensent que quoi qu’il arrive, ils devraient l’accepter comme la volonté de Dieu et ne rien faire. Si nous n’apprécions pas notre liberté, la persécution peut facilement s’installer dans nos pays, tout comme dans n’importe quelle autre dictature. Chacun a la responsabilité de lutter pour ses valeurs, sa foi et sa liberté. Ma principale mission aux États-Unis est de mettre en garde mes compatriotes américains que la liberté doit être cultivée et défendue.

Journaliste : Les obstacles à la liberté peuvent revêtir différentes formes et aspects. Ces obstacles sont-ils toujours aussi évidents à voir ?

Marziyeh : Certains obstacles à la liberté, en particulier dans les pays dictatoriaux comme l’Iran, sont évidents. Les femmes se battent pour leurs droits les plus simples presque tous les jours. Par exemple, en Iran, les femmes n’ont pas le droit de faire du vélo, d’entrer dans un stade, de devenir juge, de voyager sans la permission de leur mari, d’obtenir la garde de leur enfant, de danser, de chanter, et bien d’autres choses. Ces obstacles, qui proviennent des gouvernements, des familles, de la culture et des religions, sont évidents.

Cependant, certains obstacles ne sont pas évidents, ce sont des obstacles intérieurs. Certaines personnes sont enfermées dans leurs propres prisons personnelles, comme le péché, leurs propres jugements, la condamnation, la jalousie, le ressentiment, et bien d’autres choses. La seule solution pour se libérer de ces obstacles intérieurs est Jésus. Galates 5:1 dit : « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Tenez donc ferme, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. »